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sábado, 15 de octubre de 2011

El barco ebrio


      El barco ebrio / Le Bateau ivre.


El barco ebrio (Le Bateau ivre en el original francés) es un poema en verso de 100 líneas escrito por el poeta francés Arthur Rimbaud, a los 17 años en el verano de 1871 en la casa de su niñez en Charleville al norte de Francia

El barco ebrio
Según iba bajando por Ríos impasibles, / me sentí abandonado por los hombres que sirgan: / Pieles Rojas gritones les habían flechado, / tras clavarlos desnudos a postes de colores.

Iba, sin preocuparme de carga y de equipaje, /con mi trigo de Flandes y mi algodón inglés. / Cuando al morir mis guías, se acabó el alboroto: / los Ríos me han llevado, libre, adonde quería.

En el vaivén ruidoso de la marea airada, / el invierno pasado, sordo, como los niños, / corrí. Y las Penínsulas, al largar sus amarras, / no conocieron nunca zafarrancho mayor.

La galerna bendijo mi despertar marino, / más ligero que un corcho por las olas bailé / -olas que, eternas, rolan los cuerpos de sus víctimas- / diez noches, olvidando el faro y su ojo estúpido.

Agua verde más dulce que las manzanas ácidas / en la boca de un niño mi casco ha penetrado, / y rodales azules de vino y vomitonas / me lavó, trastocando el ancla y el timón.

Desde entonces me baño inmerso en el Poema / del Mar, infusión de astros y vía lactescente, / sorbiendo el cielo verde, por donde flota a veces, / pecio arrobado y pálido, un muerto pensativo.

Y donde, de repente, al teñir los azules, / ritmos, delirios lentos, bajo el fulgor del día, /más fuertes que el alcohol, más amplios que las liras, / fermentan los rubores amargos del amor.

Sé de cielos que estallan en rayos, sé de trombas, / resacas y corrientes; sé de noches... del Alba  /exaltada como una bandada de palomas. / ¡Y, a veces, yo sí he visto lo que alguien creyó ver!

He visto el sol poniente, tinto de horrores místicos, / alumbrando con lentos cuajarones violetas, / que recuerdan a actores de dramas muy antiguos, / las olas, que a lo lejos, despliegan sus latidos.

Soñé la noche verde de nieves deslumbradas, / beso que asciende, lento, a los ojos del mar, / el circular de savias inauditas, y azul y glauco, el despertar de fósforos canoros.

Seguí durante meses, semejante al rebaño / histérico, la ola que asalta el farallón, / sin pensar que la luz del pie de las Marías pueda embridar el morro de asmáticos Océanos.

¡He chocado, creedme, con Floridas de fábula, / donde ojos de pantera con piel de hombre desposan / las flores! ¡Y arcos iris, tendidos como riendas / para glaucos rebaños, bajo el confín marino!
       
¡He visto fermentar marjales imponentes, / nasas donde se pudre, en juncos, Leviatán!  / ¡Derrubios de las olas, en medio de bonanzas, / horizontes que se hunden, como las cataratas. / ¡Hielos, soles de plata, aguas de nácar, cielos / de brasa! Hórridos pecios engolfados en simas, / donde enormes serpientes comidas por las chinches / caen, desde los árboles corvos de negro aroma!

Quisiera haber mostrado a los niños doradas / de agua azul, esos peces de oro, peces que cantan. / ––Espumas como flores mecieron mis derivas / y vientos inefables me alaron , al pasar.

A veces, mártir laso de polos y de zonas, / el mar, cuyo sollozo suavizaba el vaivén, /me ofrecía sus flores de umbría, gualdas bocas,  / y yacía, de hinojos, igual que una mujer.

Isla que balancea en sus orillas gritos / y cagadas de pájaros chillones de ojos rubios / bogaba, mientras por mis frágiles amarras  / bajaban, regolfando, ahogados a dormir.

Y yo, barco perdido bajo cabellos de abras, / lanzado por la tromba en el éter sin pájaros, / yo, a quien los guardacostas o las naves del Hansa / no le hubieran salvado el casco ebrio de agua, libre, humeante, herido por brumas violetas, / yo, que horadaba el cielo rojizo, como un muro / del que brotan ––jalea exquisita que gusta / al gran poeta–– líquenes de sol, mocos de azur que corría estampado de lúnulas eléctricas,  / tabla loca escoltada por hipocampos negros, /cuando julio derrumba en ardientes embudos, / a grandes latigazos, cielos ultramarinos, que temblaba, al oír, gimiendo en lejanía, / bramar los Behemots y, los densos Malstrones,  / eterno tejedor de quietudes azules, yo, añoraba la Europa de las viejas murallas

¡He visto archipiélagos siderales, con islas / cuyo cielo en delirio se abre para el que boga: / ––¡.Son las noches sin fondo, donde exiliado duermes, / millón de aves de oro, ¡oh futuro Vigor!?

¡En fin, mucho he llorado! El Alba es lastimosa. / Toda luna es atroz y todo sol amargo:  / áspero, el amor me hinchó de calmas ebrias. / ¡Que mi quilla reviente! ¡Que me pierda en el mar!

Si deseo alguna agua de Europa, está en la charca / negra y fría, en la que en tardes perfumadas, / un niño, acurrucado en sus tristezas, suelta / un barco leve cual mariposa de mayo.

Ya no puedo, ¡oleada!, inmerso en tus molicies, / usurparle su estela al barco algodonero, / ni traspasar la gloria de banderas y flámulas / ni nadar, ante el ojo horrible del pontón.

Jean Arthur Rimbaud (FRANCIA: Charleville, 20 de octubre de 1854 – Marsella, 10 de noviembre de 1891)


Le Bateau ivre (Jean Arthur Rimbaud) 
Comme je descendais des Fleuves impassibles,
Je ne me sentis plus guidé par les haleurs :
Des Peaux-Rouges criards les avaient pris pour cibles,
Les ayant cloués nus aux poteaux de couleurs.

J'étais insoucieux de tous les équipages,
Porteur de blés flamands ou de cotons anglais.
Quand avec mes haleurs ont fini ces tapages,
Les Fleuves m'ont laissé descendre où je voulais.

Dans les clapotements furieux des marées,
Moi, l'autre hiver, plus sourd que les cerveaux d'enfants,
Je courus ! Et les Péninsules démarrées
N'ont pas subi tohu-bohus plus triomphants.

La tempête a béni mes éveils maritimes.
Plus léger qu'un bouchon j'ai dansé sur les flots
Qu'on appelle rouleurs éternels de victimes,
Dix nuits, sans regretter l'oeil niais des falots !

Plus douce qu'aux enfants la chair des pommes sûres,
L'eau verte pénétra ma coque de sapin
Et des taches de vins bleus et des vomissures
Me lava, dispersant gouvernail et grappin.

Et dès lors, je me suis baigné dans le Poème
De la Mer, infusé d'astres, et lactescent,
Dévorant les azurs verts ; où, flottaison blême
Et ravie, un noyé pensif parfois descend ;

Où, teignant tout à coup les bleuités, délires
Et rhythmes lents sous les rutilements du jour,
Plus fortes que l'alcool, plus vastes que nos lyres,
Fermentent les rousseurs amères de l'amour !

Je sais les cieux crevant en éclairs, et les trombes
Et les ressacs et les courants : je sais le soir,
L'Aube exaltée ainsi qu'un peuple de colombes,
Et j'ai vu quelquefois ce que l'homme a cru voir !

J'ai vu le soleil bas, taché d'horreurs mystiques,
Illuminant de longs figements violets,
Pareils à des acteurs de drames très antiques
Les flots roulant au loin leurs frissons de volets !

J'ai rêvé la nuit verte aux neiges éblouies,
Baiser montant aux yeux des mers avec lenteurs,
La circulation des sèves inouïes,
Et l'éveil jaune et bleu des phosphores chanteurs !

J'ai suivi, des mois pleins, pareille aux vacheries
Hystériques, la houle à l'assaut des récifs,
Sans songer que les pieds lumineux des Maries
Pussent forcer le mufle aux Océans poussifs !

J'ai heurté, savez-vous, d'incroyables Florides
Mêlant aux fleurs des yeux de panthères à peaux
D'hommes ! Des arcs-en-ciel tendus comme des brides
Sous l'horizon des mers, à de glauques troupeaux !

J'ai vu fermenter les marais énormes, nasses
Où pourrit dans les joncs tout un Léviathan !
Des écroulements d'eaux au milieu des bonaces,
Et les lointains vers les gouffres cataractant !

Glaciers, soleils d'argent, flots nacreux, cieux de braises !
Échouages hideux au fond des golfes bruns
Où les serpents géants dévorés des punaises
Choient, des arbres tordus, avec de noirs parfums !

J'aurais voulu montrer aux enfants ces dorades
Du flot bleu, ces poissons d'or, ces poissons chantants.
- Des écumes de fleurs ont bercé mes dérades
Et d'ineffables vents m'ont ailé par instants.

Parfois, martyr lassé des pôles et des zones,
La mer dont le sanglot faisait mon roulis doux
Montait vers moi ses fleurs d'ombre aux ventouses jaunes
Et je restais, ainsi qu'une femme à genoux...

Presque île, ballottant sur mes bords les querelles
Et les fientes d'oiseaux clabaudeurs aux yeux blonds.
Et je voguais, lorsqu'à travers mes liens frêles
Des noyés descendaient dormir, à reculons !

Or moi, bateau perdu sous les cheveux des anses,
Jeté par l'ouragan dans l'éther sans oiseau,
Moi dont les Monitors et les voiliers des Hanses
N'auraient pas repêché la carcasse ivre d'eau ;

Libre, fumant, monté de brumes violettes,
Moi qui trouais le ciel rougeoyant comme un mur
Qui porte, confiture exquise aux bons poètes,
Des lichens de soleil et des morves d'azur ;

Qui courais, taché de lunules électriques,
Planche folle, escorté des hippocampes noirs,
Quand les juillets faisaient crouler à coups de triques
Les cieux ultramarins aux ardents entonnoirs ;

Moi qui tremblais, sentant geindre à cinquante lieues
Le rut des Béhémots et les Maelstroms épais,
Fileur éternel des immobilités bleues,
Je regrette l'Europe aux anciens parapets !

J'ai vu des archipels sidéraux ! et des îles
Dont les cieux délirants sont ouverts au vogueur :
- Est-ce en ces nuits sans fonds que tu dors et t'exiles,
Million d'oiseaux d'or, ô future Vigueur ?

Mais, vrai, j'ai trop pleuré ! Les Aubes sont navrantes.
Toute lune est atroce et tout soleil amer :
L'âcre amour m'a gonflé de torpeurs enivrantes.
Ô que ma quille éclate ! Ô que j'aille à la mer !

Si je désire une eau d'Europe, c'est la flache
Noire et froide où vers le crépuscule embaumé
Un enfant accroupi plein de tristesse, lâche
Un bateau frêle comme un papillon de mai.

Je ne puis plus, baigné de vos langueurs, ô lames,
Enlever leur sillage aux porteurs de cotons,
Ni traverser l'orgueil des drapeaux et des flammes,
Ni nager sous les yeux horribles des pontons.


El barco ebrio (Traducción de Ángel José Batisstessa)

Cuando yo descendía por ríos impasibles,
Dejaron de guiarme mis buenos sirgadores:
Chillones Pieles Rojas, como a blancos sensibles,
Los habían saetado en postes de colores.

Poco me preocuparon esas tripulaciones;
Una vez terminadas sus crueles bataholas,
Yo, transporte de trigo flamenco o de algodones
Ingleses, a mi gusto proseguí por las olas.

Corrí en el chapoteo de fuertes marejadas,
Aún más imperturbable que cerebros de infantes,
Y las mismas Penínsulas desamarradas
No soportaron nunca vaivenes más triunfantes.

La tempestad bendijo mi despertar marino.
Más liviano que un corcho, sobre el agua agitada
Diez noches he bailado en revuelto destino
Sin recordar los faros de estúpida mirada.

Grata como a los niños la manzana jugosa
Penetró el agua verde en mi casco de pino
Y, arrastrando el arpeo y el timón, presurosa
Lavó manchas y vómitos azulosos de vino.

¡Me bañé, desde entonces, en el vasto poema
Del mar, del mar infuso de astros y lactescente,
Donde en azules verdes, a veces, la suprema
Sombra de algún ahogado se hunde, pálidamente;

Donde tiñendo, raudos, los fondos azulinos,
delirios, ritmos lentos bajo el diurno fulgor,
Más vastos que las liras y más fuertes que finos
Alcoholes se fermentan las pecas del amor!

Yo conozco los cielos que estallan, sé las lomas
Acuosas, las resacas, las trombas; sé la tarde,
Toda el alba exaltada cual pueblo de palomas,
Y he visto lo que el hombre sospecha en vano alarde.

He visto el sol manchado de místicos horrores
Iluminando larga coagulación violeta,
De dramas muy antiguos al parecer actores,
Contemplé los oleajes de lontananza inquieta.

He soñado con besos en ojos de los mares,
He soñado la noche verde con resplandores
Níveos, el fluir de savias, los bruscos despertares
Azules y amarillos de fósforos cantores.

Mes tras mes he seguido, igual que a vaquerías,
Histéricas, las olas en su asalto pujante,
Sin pensar que en su marcha fulgente las Marías
Llevasen del hocico al Océano jadeante.

¿Sabéis?, he descubierto increíbles Floridas:
Los ojos de panteras son flores entre humanas
Epidermis, los iris se tienden como bridas,
Bajo el cielo marino, a glaucas caravanas.

¡He visto fermentando los pantanos enormes,
Cestas en cuyos juncos se pudre un Leviatán;
En medio de las calmas cataclismos informes,
Lejanas cataratas que a los abismos van!

¡Cielos de brasa, heleros, oleaje nacarado,
Restos de encalladuras en los golfos brumosos
Donde el pie de los árboles de ramaje enroscado
Ruedan grandes serpientes de aromas tenebrosos!

¡Oh yo hubiese mostrado a un niño esas doradas
De la gran ola azul, esos peces cantantes!
Yo florecí de espumas al partir de las radas
Y, en vientos inefables, tuve alas por instantes.

Mártir, algunas veces, de zonas fatigosas,
El mar cuyo sollozo suavizaba mi arfada,
Me aplicaba sus flores de amarillas ventosas
Y quedaba como una mujer arrodillada.

Península que mece en sus bordes querellas
De aves estrepitosas con ojuelos dorados,
Fui a pique; entre mis cuerdas, sumidos tras mis huellas,
A dormir descendían, de espalda, los ahogados...

¡Y yo, barco enredado entre las cabelleras
Profundas, en el éter sin pájaros perdido,
Yo, esqueleto embriagado que hanseáticas veleras
Nunca hubiesen pescado, con desdeñoso olvido.

Yo que flotaba loco, con los flancos cubiertos
De lúnulas eléctricas e hipocampos crinudos,
Cuando cálidos Julios volcaban los abiertos
Cielos ultramarinos en ardientes embudos,

Yo que trémulo oía el mugir encelado
De Behemots y de Malstroms, retumbantes tifones,
Perenne navegante de un azul serenado,
Como añoro la Europa de viejos malecones!

Yo vi los archipiélagos siderales, las islas
Con sus cielos abiertos a todo bogador:
¿Es allí donde duermes, allí donde te aíslas
Áureo millón de pájaros, oh futuro Vigor?

Sí, ya he llorado mucho. Las albas son dolientes.
Atroz es toda luna, triste la luz solar.
Ya el amor me ha colmado de torpezas fervientes.
¡Oh, que mi quilla estalle! ¡Oh, que me arrastre el mar!

Yo deseo de Europa la oscura lagunita
Donde, al caer la tarde que se muere olorosa,
Suelta un niño en cuclillas, con tristeza infinita,
Un barquichuelo frágil como una mariposa.

¡Ya no es posible, oh baño de olas, como antes
Adelantarse a otros transportes de algodones,
Ni cruzar el orgullo de enseñas tremolantes,
Ni nadar bajo el duro mirar de los pontones!

Arthur Rimbaud
Poema: Texto completo
Fuente: Pedro Conde Sturla
Fuente 2: Jaquemate / Francisco Méndez

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